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residentiel

Villa AIR

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  • Emplacement : Morneg - Tunis
  • Surface : 1450m²
  • Année : 2022
  • Statut : Livré
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Villa Air est une expression distillée de l’architecture contemporaine, profondément enracinée dans le paysage tunisien. Implantée sur un terrain de deux hectares à Morneg, cette résidence de 1 500 m² se déploie comme un dialogue méditatif entre la forme bâtie et la topographie. Le site, marqué par une pente douce et de vastes perspectives, culmine face à la silhouette saisissante du Jbal Errsas — un horizon naturel qui devient l’ancrage du récit architectural.
Dès les premières esquisses, le projet s’articule autour d’une dualité fondamentale : la tension entre la gravité et la légèreté, l’ancrage et la suspension. Ce dialectique, subtilement suggéré dans le nom de la villa, informe toute la composition. Organisée sur trois niveaux, la maison s’exprime à travers une série de strates horizontales ponctuées de porte-à-faux audacieux. Ces avancées — d’une finesse remarquable avec seulement 45 cm d’épaisseur — incarnent à la fois une audace structurelle et une réponse climatique, projetant des ombres précises qui atténuent le soleil méditerranéen. Plutôt que de s’imposer au terrain, l’architecture s’y soumet. La villa épouse les courbes naturelles avec une retenue mesurée, laissant le relief sculpter sa forme. Un enduit texturé aux teintes terrestres assure une continuité chromatique avec le sol, tandis que la volumétrie dévale la pente, évoquant une émergence géologique plutôt qu’une construction imposée. La façade principale cristallise l’essence du projet : une composition calibrée d’ouvertures cadrant le paysage comme une succession de tableaux vivants. Chaque élévation est pensée en fonction de son orientation, orchestrant une expérience spatiale immersive et contemplative. Ici, l’architecture agit moins comme une limite que comme une lentille.
Le traitement des matériaux est volontairement sobre. Les volumes blancs capturent la lumière méditerranéenne changeante, animant les surfaces d’une chorégraphie d’ombres quotidienne. Le travertin et le bois apportent une chaleur tactile, tandis que les éléments en béton — teintés subtilement avec des pigments sablonneux — ancrent la villa dans son site, renforçant son appartenance matérielle. À l’intérieur, l’organisation spatiale privilégie fluidité et continuité. Les circulations ne sont pas de simples connexions mais des transitions chorégraphiées. Des volumes en double hauteur diffusent la lumière au cœur de l’habitation, tandis que les circulations verticales deviennent des promenades en surplomb offrant des vues sans cesse renouvelées sur le paysage environnant. L’architecture explore un paradoxe fondamental : concilier l’intimité avec l’ouverture, l’abri avec l’exposition. Cette tension se résout par une modulation subtile des seuils — où les intérieurs se prolongent en terrasses et plateformes extérieures, brouillant les frontières entre dedans et dehors. Deux piscines à débordement prolongent la géométrie de la villa vers l’horizon, amplifiant la sensation de suspension et de dissolution spatiale. L’eau et le ciel s’y rejoignent en un dialogue silencieux, complétant l’aspiration du projet à exister non pas simplement dans le paysage, mais en symbiose avec lui.
Villa Air se présente ainsi comme un manifeste d’un modernisme méditerranéen précis, contextuel et sensoriel. Bien au-delà de la réponse programmatique, elle évoque une manière poétique d’habiter — un lieu où forme, matière et perception convergent dans une résonance silencieuse.

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